Rian Johnson réalise, dans « À Couteaux tirés » (« Knives Out »), un parfait mélange de mon style d’enquêtes policières préférées : Poirot, Columbo, Miss Marple, Sherlock Holmes… Ce premier opus d’une trilogie en devenir, dont n’est pour l’instant paru que le deuxième opus, « Glass Onion », respecte ces policiers tout en détournant les clichés
Résumé sans spoiler de « À Couteaux tirés »
Lorsqu’un auteur de polar richissime se suicide la nuit d’une réunion de famille, tous ses invités semblent suspects. Car tous ont une bonne raison de vouloir sa mort… Et Benoît Blanc, détective engagé pour résoudre ce mystère par un mystérieux commanditaire, se rend vite compte qu’il ne s’agit pas d’une simple affaire de famille.
Ce premier volet de la saga Benoît Blanc ne met pas le détective à l’honneur, car on suit avant tout Marta, l’aide soignante du disparu, qui a non seulement le coeur sur la main, mais une réaction viscérale au mensonge. Un handicap difficile à vivre quand on en sait plus qu’on ne le voudrait…
Un Hommage aux enquêtes Anglaises
Ce film met en scène une enquête typique des vieux huit-clos, où le meurtre semble parfait alors que chacun cache de lourds secrets. Le décors « vieille Angleterre » rappelle les enquêtes d’un Poirot vaguement ridicule au sein d’une aristocratie qui ne l’est pas moins, tandis que les piques envers cette famille de parvenus xénophobes ramène à la critique de classe qu’on retrouve chez Columbo. Qui vole à qui ? Et qui mérite sa réussite ?
Daniel Craig endosse avec humour le rôle d’un détective à l’accent des USA du Sud, qui semble un peu passif et parfois perdu… Et Ana de Armas, qui joue Marta, l’épaule dans le rôle de l’Auguste prenant, pour sa part, la situation très au sérieux. Ce duo permet des moments très humoristiques, renforcés par l’écriture malicieuse de Rian Johnson, qui me ramène pour le coup à Agatha Christie.
Un Détournement du genre
L’écriture de ce film est sublimée par une réalisation sobre mais somptueuse. La palette de tons bois en intérieur et brumeux en extérieur ramène aux vieilles enquêtes anglaises, mais avec un peu plus de saturation et de peps.
De même, l’intrigue propose des retournements de situations… de retournements de situations. Elle nous amène sur une terrain familier, puis s’aventure au-delà, sans excès. Si on est féru, comme moi, de ce genre d’enquête, et qu’on devine rapidement où elle veut nous mener, on peut quand même s’amuser à la suivre et remarquer de nombreux clins d’oeil à d’autres oeuvres du genre. J’ai d’ailleurs revu ce film avec grand plaisir.
Un Renouveau du whodunit ?
Le « who’s done it ? » (« qui l’a fait ? ») a connu ses lettres de noblesse avec, notamment, Agatha Christie et Conan Doyle… Depuis, de nombreuses intrigues reprennent, avec plus ou moins de succès, ce type d’enquête. Mais « À Couteaux tirés » y apporte une touche de fraîcheur en jouant avec les attentes des spectateurs, et en ramenant le côté éminemment ludique du genre sur le devant de la scène. Ce n’est pas qu’une énigme : c’est drôle, et, en bonus, l’histoire place un commentaire social sur les USA d’aujourd’hui (voire, des pays semblables…).
Car le message général est bien que les apparences sont trompeuses, et que la véritable valeur des gens réside en leurs actes. Au final, il y a beaucoup d’amour paternel dans la mansion où se tient l’enquête, mais pas de la manière dont on pouvait s’y attendre… Un film que j’ai adoré, et que je recommande chaleureusement aux amateurs du genre.
En attendant mon avis sur la suite de ce film, « Glass Onion », vous pouvez lire mes autres avis sur des intrigues policières ICI.
