Apprendre l’art d’être humain

Les êtres sont comme un peintre débutant.

Mettez une pomme rouge devant ce peintre, et demandez-lui de la dessiner.
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Le matin, il la coloriera en rouge vif.
Le midi, il la peindra plus sombre.
Le soir, elle lui semblera pourpre.
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Et pourtant, la pomme n’est ni pas rouge le soir, ni le midi, ni même le matin.
Elle est orange et jaune à la lumière du soleil. Elle est bleue quand il fait sombre, grise au coeur de la nuit. Elle est de toutes les nuances de rouges, de bruns, de noirs, de mauves exposée le midi.
Elle est multicolore.
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C’est ainsi que l’artiste débutant voit le monde en à-plats monochromes, tout comme l’humain naissant raisonne en notions simplifiées.
Mais le monde n’est pas bien, mal, juste, grand, cruel, difficile, évident, incompréhensible ; ce n’est pas “la faute des autres”, ou “entièrement de notre faute” ; on n’est pas incapable de le comprendre, ou capable le faire ; il n’y a pas un dieu ou plusieurs dieux, ou aucune divinités ; il n’y a pas de “il n’y a pas”, mais les “il y a” sont relatifs.
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Le monde est, tout comme la pomme qu’on peint à divers moments de la journée, tout cela à la fois, multiple.
Et comme l’artiste doit exercer son oeil pour apprendre à peindre la réalité, il faut que l’être humain apprenne à voir les couleurs pour atteindre l’humanité.

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