Au Bonheur des Ogres, film d’enquête comique de Nicolas Bary (2013, FR) ; adaptation du roman de Daniel Pennac

Benjamin Malaussène, aîné d’une fratrie recomposée aux parents absents, jongle tant bien que mal entre les obligations parentales et son travail de bouc émissaire dans un grand magasin, consistant à se faire enguirlander devant des clients pour les dissuader de porter plainte. Le jour où une bombe explose en vitrine, son rôle de bouc passe à celui de suspect principal d’un attentat terroriste et complique encore plus sa vie…

Au Bonheur des Ogres, Daniel Pennac, poster, affiche, critique
Anecdote rigolote : j’ai passé un entretien pour la boîte de production qui a financé ce film alors qu’il était en chantier… 

Je suis très biaisée sur la série Malaussène de Daniel Pennac, que j’adore et recommande à tous (quand je dis que j’adore, c’est un euphémisme. De même, quand je dis que je recommande, ça veut dire lisez-les. Au mode très impératif.). Je suis également partiale quand aux films français récents et aux adaptations de livres, dont je me méfie doublement. Cependant (et avec autant d’émotion que de surprise), j’ai trouvé ce film divertissant, fidèle à l’atmosphère du roman sans s’y perdre, déjanté en restant clair, dur sans perdre de son comique -bref, réussi.

L’intrigue suit celle du roman et aborde des sujets très sensibles avec l’humour imaginatif propre à Pennac, franc tout en restant subtil, critique sans devenir moralisateur, jouant de tous les tons et sachant se montrer parfois poète. Le fond de l’histoire, en soit banal et potentiellement terriblement triste -celle d’un jeune homme devant s’occuper seul de ses frères et soeurs en faisant un travail dont il a honte et en affrontant régulièrement la menace d’une séparation familiale par le biais de la DASS- est relevé par la malice enjouée de la narration, qui enjolive l’intrigue tout comme Benjamin sa vie lorsqu’il la raconte à ses soeurs et frères lors de la traditionnelle histoire du soir.

Les personnages sont nombreux mais assez définis pour qu’on les identifie assez vite, et le casting est très bon. Malaussène arbore son fameux air de chien battu sans finir pitoyable et sachant se montrer attendrissant. Julia n’est pas exactement telle que je l’imaginais, mais correspond au rôle. Je vais juste râler à propos du Petit -“le Petit avec ses lunettes roses”, sa marque de fabrique- dont les lunettes sont ici bleues. Bleues. POURQUOI ? De même, il me semble que l’intrigue originale comporte plus de “beurs” (selon le terme employés dans le roman), et cette famille de “beurs” étaient pour moi comme des amis d’enfance qu’il m’a peiné de ne pas retrouver. Mais peut-être que je m’emmêle avec les autres romans.

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Je suis entrée dans le cinéma pleine d’appréhension et prête à pleurer sur le massacre de mon auteur favoris. Je suis ressortie de la salle en me demandant s’il était raisonnable d’y retourner immédiatement et quand sortirait le DVD… Je vais relire la série en espérant une suite !

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