Black Panther, blockbuster de Ryan Coogler (2018)

Le nouveau roi du Wakanda, un pays africain qui dissimule son avancée technologique au reste du monde pour avoir la paix, doute de ses compétences de monarque. Son ex l’a quitté car il refuse de partager les richesses du Wakanda avec des pays en difficulté, et il se découvre un rival qui souhaite utiliser leur puissance de feu pour aider ces pays en leur vendant des armes. Il va devoir choisir entre vivre en autarcie ou s’ouvrir au monde et, dans ce dernier cas, choisir entre le partage des richesses ou des armes…

Black Panther
J’ai vu ce film en VF et, pour une fois, je n’ai aucune critique concernant le doublage. J’ai eu un peu de mal à suivre l’intrigue car j’ai visionné ce film en 3D et que je ne m’y suis pas encore faite. C’est cependant la meilleure 3D que j’ai vue à ce jour, donc je la conseille aux amateurs.

Black Panther prend le temps de poser le décor et les personnages, de manière à ce qu’il soit facile à suivre. On a droit à deux méchants au lieu d’un seul, un sadique plat mais jouissif et un tyran tridimensionnel aux motivations valides. Pareil, au lieu d’un héros unique volant la vedette aux autres, nous avons un ensemble de personnages suffisamment développés pour être intéressants. On assiste alors à des scènes d’action fondées sur le travail d’équipe malgré une tête d’enseigne, ce qui est innovateur dans le genre et très agréable à voir. Au lieu d’un fantasme basé sur la puissance musculaire, nous assistons à des scènes d’entraide à la fois drôles et rythmées. Notre héros évolue et réussit dans son rôle de monarque parce qu’il écoute les autres et travaille avec eux plutôt que de prendre des décisions tyranniques.

J’ai été surprise par la complexité du message de ce blockbuster, encore plus avancé que celui d’Iron Man 3 dans sa critique des États-Unis. Ce film est très centré sur les USA et leur relation à la colonisation, que ce soit du côté des personnes noires qui souffrent encore d’avoir été arrachées à leurs pays d’origine, ou du point de vue de la politique gouvernementale consistant à envahir des pays plus pauvres ou à leur vendre des armes pour les contrôler. Black Panther propose plusieurs solutions à ces problèmes sans offrir de réponse définitive, bien que le film favorise clairement l’aide humanitaire et le développement des quartiers défavorisés. Il est rare de voir un film issu d’une franchise de divertissement poser autant de questions pertinentes et d’y apporter des réponses nuancées. Ce film est d’une richesse rare qui transcende tous ceux de la franchise jusqu’à présent. On aurait facilement pu en faire un diptyque ou une trilogie, selon la mode actuelle, et pourtant cette intrigue fournie tient debout.

Les personnages sont tous suffisamment développés pour qu’on les identifie et s’attache à eux, même en quelques instants à l’écran. Les actrices et acteurs font un si bon travail que je me suis surprise, pendant quelques minutes, à vraiment croire à leurs relations.

La réalisation est sublime. J’ai adoré les plans larges sur les paysages africains, qui m’ont rappelé les déclarations d’amour de Peter Jackson à la Nouvelle-Zélande. Aucun effet spécial ne m’a tiré hors du film, et la supériorité technologique du Wakanda ne laisse aucun doute dans l’univers Marvel : à côté, les gadgets de Tony Stark ont l’air de mauvaises contrefaçons.

La musique d’inspiration africaine ne m’est pas restée en tête mais je me souviens l’avoir apprécié sur le moment. En fait, même s’il est parfois difficile de s’y retrouver tant l’univers proposé est neuf, ce film nous offre enfin un renouveau à l’univers de fantasy scandinave qu’on nous rabâche depuis Le Seigneur des Anneaux.

Les décors : grandioses, les costumes : sublimes, le casting : talentueux, je pourrai rédiger pour ce film une liste d’éloges en trois tomes. Black Panther met en valeur des cultures africaines délaissées par le cinéma grand public, revisite les interactions entre les personnages, propose des pistes de réflexion sans tomber dans la caricature manichéenne. Ce n’est pas un simple blockbuster : on l’attendait au tournant, alors il a tourné la page et se trouve déjà dans le futur. Je veux plus de films de cette ampleur.

*

Conclusion : Impeccable. Tellement supérieur aux autres films de la franchise que je m’étonne de cette explosion soudaine de talent. J’espère qu’on aura des suites, ou d’autres films du même acabit. Je vais devoir le revoir pour tout absorber, et plus d’une fois !

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