Chroniques de ma mère, film réaliste japonais de Masato Harada, 2012

NB : Ce film inspiré du récit autobiographique de Yasushi INOUE a remporté le prix du public lors du Festival Kinotayo 2013 à la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP) et le prix du 35ème Festival des Films du monde en 2011.

Résumé : L’écrivain Kosaku Igami a remporté beaucoup de succès en écrivant sur sa vie et celle de sa famille. Pourtant, il ne tient pas sa mère dans son coeur, car elle l’a abandonnée dans son enfance aux soins d’une parente éloignée, et n’est revenue le chercher que de nombreuses années plus tard. Après la mort de son père, cette femme âgé sombre lentement dans la démence, et Kosaku est par moments forcé de s’en occuper. A son contact, il commence à prendre du recul sur sa vie, et à comprendre que certaines choses ne sont pas ce qu’elles paraissaient…

Chronicle de ma mère, film de Masato Harada, 2012
Chronicle de ma mère, film de Masato Harada, 2012

Cette histoire filiale universelle, racontée dans le contexte du Japon des années 80, nous fait découvrir la vie d’une famille dans ce pays avec humour et subtilité. En effet, même les si décors sont bien nippons (et visuellement magnifiques), le fond de l’intrigue est à la portée de n’importe quel occidental.

La relation entre l’écrivain et sa mère évolue lentement, sans à-coups, et sans diaboliser personne. La mère est aussi souvent désagréable envers l’une de ses filles que touchante dans sa vieillesse. Le comportement patriarcal de l’écrivain, qui est plus le fait d’une éducation que de penchants tyranniques, change également vis-à-vis de sa famille.

On assiste également à l’évolution de la relation entre l’écrivain et l’une de ses filles, qui lui est très semblable en cela qu’elle aussi observe le monde pour en parler à sa façon, mais dans son cas elle utilise un appareil photo plutôt que la plume. C’est d’ailleurs elle qui, en quelque sorte, écrit sur lui cette fois-ci, et le film, mélange de scénario et d’images, est ainsi leur oeuvre à tous les deux.

Quand à l’intrigue principale -pourquoi la mère de Kosaku l’a-t-elle abandonnée ?- elle se dénoue sans cliché et dans la nuance. [Spoiler] Certes on apprends que si elle l’a laissé seul, c’est parce qu’elle craignait que le bateau qui devait emmener à Taiwan coule, mais on comprend qu’elle n’est tout de même pas vraiment venue le chercher par la suite, même si elle le regrette et aimerait retrouver son fils d’alors. Kosaku lui-même ne lui pardonne pas parce qu’elle montre du remord même sans le reconnaître, mais parce qu’il comprend qu’à leur manière, ils s’aiment encore tous les deux.[/spoilers]

L’ensemble des personnages, qui sont majoritairement féminins, est traité avec humanisme ; le film les présente en tant qu’individus à part entière, et même si peu d’entre eux sont très développés, quelques instants à l’écran suffit pour leur donner du relief. Le jeu très tactile des acteurs, leurs courses poursuites ou leurs rires, les rendent également très convainquant dans le rôle d’une famille certes imparfaite, mais soudée. On imagine facilement que le réalisateur est philanthrope.

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Conclusion : Un bon film, visuellement sans défauts, et dont le scénario travaillé et nuancé apporte autant d’humour que de serrements de coeur. Il plaira à tout ceux qui cherchent à voir un film réaliste sur la famille sans apitoiement ni exagération, et se plonger dans l’atmosphère d’un Japon moderne.

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