Ecrire un roman : par où commencer ? Idée et concept

Tout commence par une idée : composter

“If you’re like most people, you spend a long time thinking about your novel before you ever start writing. You may do some research. You daydream about how the story’s going to work. You brainstorm. You start hearing the voices of different characters. You think about what the book’s about — the Deep Theme. This is an essential part of every book which I call “composting”. It’s an informal process and every writer does it differently. I’m going to assume that you know how to compost your story ideas and that you have already got a novel well-composted in your mind and that you’re ready to sit down and start writing that novel.”

The Snowflake Method For Designing A Novel, Randy Ingermanson

La plupart du temps, l’histoire naît d’une idée qui va évoluer de manière naturelle et organique, ce que les anglophones nomment le « composting » que je traduis par compostage. Votre cerveau va créer de lui-même des associations d’idées et complexifier le concept original jusqu’à lui donner assez de corps pour qu’on puisse en faire une histoire. Ce n’est pas forcément une phase active du processus d’écriture, mais on peut lui donner un coup de pouce.

Plus on met de matière au compost, plus celui-ci est riche : c’est pareil pour les idées. Pour activer le compostage d’une histoire, il faut se cultiver ! Commencez par dégager les idées et les thèmes généraux de l’histoire et appuyez-vous sur les fictions existantes ou le réel pour développer des idées secondaires.

Voici quelques pistes pour faire fleurir des idées :

  • Lisez ou regardez des livres, des films et des essais sur les sujets qui vous intéressent. À l’inverse, si vous connaissez bien le genre dans lequel vous souhaitez écrire, n’hésitez pas à consulter une oeuvre totalement différente de vos goûts pour sortir de votre zone de confort.
  • Partez des intrigues connues ou des tropes relatifs au genre de votre histoire pour les détourner ou trouver une manière inédite de les présenter. Vous pouvez par exemple vous inspirer de la liste des 36 situations dramatiques de base réunies en 1895 par le français Georges Polti (inspiré de l’italien Carlo Gozzi et de l’allemand Johan Wolfgang von Goethe) et de site web comme Fanlore et TvTropes.
  • Laissez faire le hasard et tirez vos idées au sort pour voir les associations qui peuvent en naître.
  • Mettez vos connaissances à contribution et demandez leur avis sur le genre que vous souhaitez explorer : ce qu’elles aiment et aimeraient lire, ce qu’elle détestent ou trouvent convenu…
  • Collectionnez des images et autres médias autour des thèmes qui vous intéressent, (par exemple sur Pinterest). Cette planche de tendance (ou mood board) vous permettra de définir une atmosphère et d’aborder votre projet de manière visuelle et émotionnelle.

Composez une carte heuristique (carte cognitive / mentale / des idées, en anglais Mind Map) pour organiser vos idées de manière claire mais libre autour d'un sujet central

  • Composez une carte heuristique (carte cognitive / mentale / des idées, en anglais Mind Map) pour organiser vos idées de manière claire mais libre autour d’un sujet central. Ce n’est pas un plan ni une liste exhaustive mais une arborescence de pistes possibles. Elle permet notamment de mettre en avant des thèmes via le champ lexical (ensemble des mots liés par association d’idée à un terme / un concept). (J’ai personnellement découvert cette méthode grâce à ce livre).

 Elle permet notamment de mettre en avant des thèmes via le champ lexical (ensemble des mots liés par association d'idée à un terme / un concept)

  • Utilisez un carnet d’idées au quotidien où consigner des possibilités d’intrigues et des concepts —à garder près de soi !

Cultiver le concept

Une fois que votre idée a germé de manière organique, abordez-la de façon analytique. Posez-vous par exemple les questions suivantes : Qu’ai-je envie d’écrire ? Qu’ai-je envie de lire ? Si j’avais écrit telle histoire, j’aurais changé… Je veux ressentir et faire ressentir… Je veux explorer… Et si ?…

N’oubliez pas les possibilités d’adaptations, réécritures, parodies, pastiches… Avec un peu de réflexion, vous devriez pouvoir répondre sommairement à la question : Qui fait quoi, où, à quelle époque et dans quel but ?

Lorsque vous avez une petite pousse d’histoire, résumez en quelques mots son intrigue principale : ce qui arrive et à qui (une française a du mal à se faire accepter par son entreprise japonaise, un groupe d’amie constitue un club de lecture pour aider l’une d’entre elles à surmonter son deuil…). Faites une liste de vos idées, des personnages et des scènes que vous aimeriez écrire (faire le poirier nue dans les bureaux de l’entreprise, rencontre d’un cycliste charmant mais ridicule…).

Maintenant que vous avez une vague idée de votre projet, vous pouvez en enrichir peu à peu l’intrigue en réfléchissant à la logique de l’action selon la méthode de l’écriture «  en flocon de neige  ». Pour faire simple, il s’agit de rajouter entre chacune de vos scènes les étapes qui mènent de l’une à l’autre. Prenons la série Jane The Virgin : une fiancée croyante et vierge tombe accidentellement enceinte d’un inconnu. Comment est-ce possible ? Quelle est la chaîne logique de cause à effet qui conduit à ce résultat ? On pose dès le départ que Jane est très croyante et amoureuse, comment parvenir à la rendre enceinte sans trahir l’essence de son personnage, c’est-à-dire sans qu’à un seul moment elle ne trompe son fiancé ? Chaque question apportera son lot de développements et de ramifications, qu’il s’agit de structurer de manière cohérente.

Faites aussi une liste de vos personnages clefs et résumez l’intrigue par leurs yeux, ce qui vous permettra de mieux cerner comment ils s’intègrent à l’intrigue. Dans le cas de Jane The Virgin, le premier épisode peut-être résumé de plusieurs manières différentes. Jane dira : « je me suis rendu à un rendez-vous de routine chez la gynécologue. Elle semblait émue mais comme j’étais mal à l’aise je n’y ai pas prêté attention. Mais elle était si troublée qu’elle m’a confondue avec une autre patiente ! » Via la gynécologue, l’intrigue devient : « Je venais de me disputer avec mon amante cachée et j’ai procédé machinalement à une insémination artificielle sur la mauvaise personne. Ce n’est qu’en voyant la bonne patiente arriver que je me suis rendue compte de mon erreur mais je n’ai pas osé agir —j’ai déjà tant de choses à me reprocher ! » Même l’autre patiente a des raisons de ne rien remarquer puisque c’est une personne égoïste que l’émotion de sa gynécologue indiffère. « Comment aurais-je pu remarquer son erreur ? Je faisais des projets concernant mon avenir ! »

Pour vous aider, voici un PDF gratuit de la méthode flocon proposé par l’excellent site d’aide à l’écriture Espaces Comprises.

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Maintenant un petit exercice : laissez votre idée et concept de roman en commentaires !

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