La Porte du passé (Die Tür), thriller de science-fiction de Anno Saul (2011)

David, peintre à succès mais père et époux médiocre, perd sa fille lors d’un moment d’inattention. Cinq ans plus tard, alors que sa femme Maja refuse de lui pardonner et que, rongé par le remord, il a perdu tout espoir, il trouve une porte qui le ramène dans le temps, au jour fatidique du décès de sa fille, juste à temps pour la sauver…

Die Tür, La porte du passé, poster
Die Tür est l’un de mes films préférés. J’en sors le DVD de temps en temps ainsi qu’une boîte de mouchoirs…

Le thème du retour dans le temps a souvent été abordé par le biais du paradoxe et de l’effet papillon, aux dépends des conséquences plus directes d’une modification de l’histoire. Die Tür répare cela en confrontant son personnage principal aux répercutions immédiates de son retour dans le temps, et en offrant une explication originale qui, pour une fois, ne fait pas du héros une exception à la règle.

L’intrigue également la question universel du “et si ?…” en partant du principe que tout le monde aimerait pouvoir changer quelque chose dans sa vie, corriger une erreur ou faire les choses autrement. Avec une sorte d’humour ou d’ironie cruelle, ce film offre exactement cela : une seconde chance, et l’explore de manière décalée mais relativement réaliste -sa conclusion semblant indiquer que si l’on pouvait vraiment revenir dans le temps, cela deviendrait vite ingérable.

D’autre part, ce film est ouvert à diverses interprétations. Pour moi, il s’agit entre autres d’une métaphore du deuil, de l’épreuve que les parents doivent subir à la suite de la mort de la fillette et de leur difficulté à se retrouver ensuite. C’est aussi une quête initiatique, le chemin personnel que doivent accomplir le héros, père irresponsable, et sa femme, figure de la mère en deuil, pour grandir, l’un en se responsabilisant et l’autre en lâchant prise symboliquement sur l’enfant qu’elle a perdue. Le deuil de l’enfant peut ici être pris à divers degré ; que la petite Léonie parte en mourant, ou parce qu’elle a grandit, ses deux parents vont devoir apprendre à la laisser partir, et à vivre “seuls à deux” ensuite…

Un autre point bonus de ce film est que la plupart des acteurs doivent jouer plusieurs rôles dans un même corps, une type de performance dont je ne me lasse pas. Mention spéciale au casting : Mads Mikkelsen (toujours exceptionnel), Jessica Schwarz (parfaitement réaliste, très émouvante) et Valeria Eisenbart, qui sait jouer ! (je suis toujours surprise par un enfant qui sait jouer.)

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Un film poignant, qui explore le thème du voyage dans le temps de façon originale, poétique mais plutôt cruelle, et peint un tableau très humain de la parenté, du regret et du deuil. Je le recommande sans hésiter.

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