Les Trois Mousquetaires, film d’action de Paul W. S. Anderson (2011)

Au XVIIè siècle, le jeune Gascon D’Artagnan se rend à Paris pour y devenir mousquetaire du roi de France Louis XIII. Il y rencontre le fameux trio d’Arthos, Portos et Aramis, et doit se joindre à eux pour récupérer les diamants de la reine de France, que le Cardinal Richelieu veut utiliser contre elle afin d’affirmer son emprise sur le jeune roi.

Les Trois Mousquetaires 2011 poster
Vous avez lu le livre ? Oui ? Bien. Il n’a rien a voir avec ce film.

Visuellement, ce film est splendide. Les décors sont soignés, colorés, imaginatifs. Les costumes de Pierre-Yves Gayraud sont somptueux. Rien à dire (de négatif) sur la mise en scène et le dynamisme de l’image. J’ajoute même un bonus au niveau du casting (par Suzanne Smith), car pour une fois le jeune D’Artagnan est vraiment jeune, et Logan Lerman le joue avec l’insolence et l’effronterie correspondant au personnage. (Retrouver Orlando Bloom dans le rôle de Buckingham est assez troublant. Peut-être est-ce dû à sa perruque.)

Au niveau de l’histoire… c’est plus inégal. Le film commence par une scène d’action spectaculaire mais absolument improbable, et sans rapport avec l’univers des romans de Dumas. Cependant, avec l’arrivée de D’Artagnan, on retrouve le caractères des personnages, rafraîchis par cette réinterprétation mais relativement fidèle. On est donc face à un chasse-croisé de scènes issues des livres et de remaniements tirés des films d’actions modernes.

C’est un mélange plutôt particulier, souvent traité avec humour, voir le bris du quatrième mur et de nombreuses références extra-textuelles. L’idée ne manque pas d’intérêt, mais le genre est assez inhabituel pour qu’il mérite un peu plus de clarté -on ne sait pas toujours sur quel pied danser en fonction des scènes. D’autre part, dans cette intrigue, point de capes, peu d’épées. A la place, des dirigeables, des pistolets, des lance-flammes… et parfois de très bonnes idées, à contre courant et surprenantes (par exemple, le premier duel entre Rochefort et D’Artagnan).

Mais aussi, pas mal de clichés, prétextes à des scènes convenus -batailles et lingerie… Ce film est un divertissement, autant pour les acteurs, qui semblent bien s’amuser, que pour le réalisateur, qui ressemble à un petit garçon réalisant son rêve d’enfance. L’ensemble est rafraîchissant, même s’il manque de cohérence et paraît constamment trop tiré par les cheveux pour qu’on s’y plonge vraiment (par exemple, l’amourette entre D’Artagnan et Constance, dont le revirement de sentiments à son égard n’est justifié par rien de concret).

Les personnages sont tous assez intéressants pour qu’on retiennent au moins leur nom. Le personnage de Milady est plus présent que dans les livres, et moins misogyne (ce qui n’est pas difficile). Le roi Louis et sa femme ont une personnalité et ne sont plus de simples noms. Constance est… inutile, peu de changement. Les talents de Mads Mikkelsen sont malheureusement sous exploités en Rochefort. Je mentionnerais ici la scène où il arrive à cheval par une porte, donne un ordre, et repart par la même porte. Venu littéralement pour déclamer sa ligne. C’est un peu triste.

*

Un bon divertissement à prendre au second degré et souvent un peu lourd, à admirer pour son irrévérence, son inventivité et ses remarquables visuels, sans perdre de vue des failles malheureusement très concrètes : une intrigue tirée par les cheveux, invraisemblable, parfois clichée à en pleurer. Une initiative intéressante, mais trop étriquée pour être  convaincante.

NB: “Boys will be boys” est sans doute une des phrases que je hais le plus. Un malus au film pour l’avoir utilisée. Et si vous voulez qu’un acteur non francophone parle français dans un film, donnez lui des cours de diction. Et non, la reine ne serait pas exécutée si on apprend qu’elle a eu une liaison. Le mot que vous cherchiez est “répudiée”, ou “je n’ai aucune notion du concept de royauté et je m’en fiche.”

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