Miraculous : Les Aventures de Ladybug et Chat Noir

Miraculous : Les Aventures de Ladybug et Chat Noir“, est une série d’animation française imaginée par Thomas Astruc fait un carton autour du globe. J’en avais entendu parler depuis un temps, mais je ne l’ai regardée qu’après être tombée sur des critiques très virulentes de la série sur Youtube. Au nombre des accusations : « assassinat du personnage d’Adrien dans la saison 4 », « favoritisme de l’héroïne Marinette… ». Les Youtubeurs semblaient vraiment très remontés. Curieuse, et adepte de Netflix, je me suis lancée dans les premières saisons. Et… je n’ai pas bien compris leur furie.

Vraie photo d’un Youtubeur enragé par la série

Le miraculeux carton de Miraculous

Miraculous : la série

Miraculous raconte l’histoire d’une collégienne parisienne demeurant dans les combles de la “meilleure pâtisserie de Paris”, tenue par ses parents. (Dans cette série, tout le monde est avant tout super-riche.) Collégienne émotive et maladroite, Marinette a pour hobby de fourrer son nez dans la vie des autres, dans le but avouable mais pas toujours idéal de les aider. Elle se voit confier une amulette qui lui donne des capacités surhumaines dans le but de contrer le Papillon, un super-méchant qui cherche à… s’emparer de ladite amulette (c’est ce qu’on appelle une fausse bonne idée).

Elle est secondée dans ses aventures par Chat Noir, un autre collégien du même collège, détenteur de l’autre amulette que veut le super-vilain. Ce dernier se trouve être également Adrien, exploité comme mannequin international par son père (à quatorze ans ; n’y pensez pas trop, ce serait déprimant). Marinette est si retournée par ce garçon qu’elle perd tous ses moyens en sa présence ; heureusement pour elle, Adrien est assez patient et seul au monde pour la supporter. Ensemble, ils combattent les émotions négatives, font des jeux de mots et mangent des glaces.

La série : c’est quoi ce(t As)truc ?

Miraculous est destinée aux plus jeunes, enfants et pré-ados. Son format épisodique se prête très mal à un visionnage continu, mais particulièrement bien à de petites sessions en famille. Visuels colorés, intrigues loufoques cadrées par une structure répétitive, humour félin et même quelques petites touches de culture G : cette série permet de fasciner les enfants, d’amuser les adultes, et de passer un bon moment en famille.

Ladybug contre Boulangerix, le super-vilain racix

Miraculous : la recette du succès ?

A mon sens, voici les ingrédients du succès mondial de Miraculous, outre l’inévitable nécessité de la chance :

  • Paris : la capitale française étant mondialement connue, la mettre au coeur de la série permet de capter l’attention d’un public international. Grâce à l’attrait de monuments familiers tels que la tour Eiffel ou le Musée du Louvres, la série peut enchaîner sur des particularités françaises un peu moins connues du reste du monde, du Jardin des plantes à la traditionnelle bise… Ce qui, en tant que française, est très amusant à regarder.
  • Romance : cette deuxième caractéristique mondialement attribuée à la France est également un pivot de l’intrigue, puisque les protagonistes Ladybug et Chat Noir, de leur vrais noms Marinette et Adrien, sont mutuellement amoureux avec et sans leur masque… mais sans le savoir. Actes manqués, quiproquos en tous genres, révélations suivies d’amnésie, amour interdit par leur rôle ou leur classe sociale : que de rebondissement dignes d’une télénovelas !
  • Familiarité : malgré des épisodes courts, on y retrouve systématiquement les mêmes moments clefs. Exemples : la séquence de transformation des personnages en leur alter-égo héroïques, des expressions consacrées et des jeux de mots… C’est agaçant lorsqu’on regarde les épisodes à la chaîne, mais attendu et satisfaisant lors d’un visionnage épisodique. Ces répétitions instaurent une attente rituelle qui finit par hypnotiser leurs spectateurs.
  • Une série super française : Miraculous est certes une série franco-coréenne, mais son amour des « magical girls » japonais est bien français. Le club Dorothée et autres dessins animés des années 80 ont fait de la France le second plus grand pays lecteur de mangas ! De quoi séduire les adultes d’aujourd’hui qui, même s’ils ne suivaient que du coin de l’oeil l’épisode mis pour leurs enfants, y retrouveraient des références nostalgiques à leur propre enfance.

En somme, Miraculous capitalise sur les clichés « marinière, béret, camembert » familiers à l’international, ainsi que sur la réputation de Paris comme ville de l’amour. Cette série respecte également son format épisodique en conservant des passages clefs d’épisodes en épisode.

Que vaut vraiment Miraculous ?

En tant que série épisodique familiale et loufoque, Miraculous est bien pensée. Elle assume une intrigue décousue et des incohérences car elle est littéralement faite pour être visionnée dans n’importe quel ordre, au gré des caprices de programmation des chaînes télévisées. Pas besoin de suivre, et pas de panique si on a manqué un épisode ! La structure narrative est la même, on change simplement quelques ingrédients. Miraculous est alors un pur moment de divertissement, sans queue ni prise de tête.

Représentation exhaustive de la série

Visionnée sur les plateformes de VOD, la série est moins réjouissante. L’intrigue générale avance très peu au court d’une saison, les incohérences sont flagrantes, et les répétitions usantes. Le « super-vilain » est irritant d’incompétence, et les amoureux affligeants de cécité.

L’intrigue de Miraculous : intrigante ou plate ?

Le format des épisodes suit une formule typique des séries pour enfants : un problème surgit dans la vie de notre protagoniste Marinette, elle le résout métaphoriquement sous sa forme de super-héroïne, puis de nouveau en tant qu’elle-même. Aujourd’hui, alors que paraît la saison 5 et qu’un film s’annonce pour 2023, l’intrigue sous-jacente tend à réduire la différence entre la collégienne et la super-héroïne. Il serait logique de penser que cette série pour enfant se développe en série pour ados en quête d’identité.

Je suppose que l’objectif final est de réconcilier les deux facettes de Marinette en révélant son identité publiquement, pour que la collégienne émotive et maladroite et la super-héroine ingénieuse et responsable ne fassent plus qu’une. De même, son coéquipier finira certainement par réconcilier sa façade de fils et d’étudiant parfait avec le côté farceur, impulsif et gaffeur de son identité de super-héros.

Le super-pouvoir de la série : sa créativité

En ce qui concerne l’intrigue, les vraies particularités de cette série sont que

  • Marinette / Ladybug est une héroïne qui utilise sa créativité plutôt que sa force, son super-pouvoir étant de se sortir de situations invraisemblables grâce à des solutions innovantes, et
  • qu’Adrien occupe explicitement le rôle de demoiselle en détresse isolée du monde par son père, même s’il est loin d’être le seul personnage à sauver, et qu’il sauve lui-même un peu tout le monde tout le temps.

Adrien, le Mouton Noir de la série

C’est peut-être cet aspect qui passionne les Youtubeurs en colère. Adrien est en effet le personnage le plus touchant de la série. D’une gentillesse à toute épreuve, il fait de son mieux pour plaire à un père négligent et abusif, pour défendre ses camarades de classe (y compris contre Marinette) et pour prendre des décisions respectueuses et responsables. En contre-partie, il est isolé du monde, manipulé par son père, réifié par ses fans (dont Marinette), rejeté par ces mêmes fans lorsqu’il ose montrer son côté plus désinvolte, et s’en prend, littéralement, plein la pomme. Pas étonnant qu’il ait souvent des comportements dépressifs ou suicidaires !

A cinq doigts du suicide

J’ai beau, moi aussi, attendre avec impatience le jour où ce pauvre gamin sera enfin réconforté, je ne trouve pas que son personnage soit mal exploité. En effet, il n’a pas techniquement besoin de se transformer en Chat Noir pour agir en super-héros. Il vole au secours des autres en permanence, qu’elle que soit son apparence. Moins de temps d’écran pour Chat Noir, mais autant quand on compte Adrien.

Le noir, ça met en valeur mon trauma

D’autre part, l’intrigue amoureuse repose sur le fait que Marinette doit apprendre à voir la véritable personnalité d’Adrien pour s’engager réellement auprès de lui, d’autant plus qu’elle ne parvient pratiquement pas à s’adresser à lui quand elle l’idéalise. Elle doit, en termes grecs, sortir de l’amour obsessionnel “mania”. Quant-à Adrien, il doit apprendre à ne pas se sacrifier en permanence pour les autres, même pour Ladybug, et même si elle est la seule personne auprès de laquelle il ose être lui-même.

Mon avis sur la question

Il m’a fallut un peu de temps pour comprendre par quel bout aborder Miraculous, et je trouve désormais que l’humour des personnages et la créativité des situations en fait une bonne petite série à regarder du coin de l’oeil. J’attends le film avec impatience, avec l’espoir que ce nouveau format permettra d’approfondir l’intrigue et de développer les personnages.

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