Un personnage est un acteur qui occupe une place prépondérante dans le récit ou constitue un moteur de l’intrigue. Un personnage n’est pas une personne mais un outil littéraire. C’est flagrant dans les fables animalières comme celles de La Fontaine, ou par exemple dans Le Roman de Renart, où les actants sont des animaux anthropomorphiques dont les attributs symbolisent certains traits de caractères, tel que la ruse pour Renart.
Le personnage peut être concret (Candide dans le contre éponyme de Voltaire) ou théorique (L’Insoutenable légèreté de l’être, dans le roman de Kundera). Il peut donc être animal (Pomme et Le Chien dans Cabot-Caboche de Pennac), végétal (la plante de La Petite Boutique des Horreurs), objet animé (Le Château Ambulant de Miyazaki), objet inanimé (La Peau de Chagrin de Balzac)… Il peut être stéréotypé, c’est-à-dire présenter des caractéristiques symboliques très reconnaissables (la logique et l’émotion dans Raison et Sentiments de Jane Austen), ou bien complexe au point de donner l’illusion du réel (les Rougon-Macquart naturalistes de Zola).
Un personnage est actif ou passif. Les uns se démènent pour obtenir ce qu’ils veulent, tandis que les autres sont témoins ou ballotés par les évènements. Katniss se débat pour fuir les malheurs qui l’accablent dans The Hunger Games de Suzanne Collins, alors que dans The Great Gatsby de Fitzgerald, le protagoniste rapporte une tragédie.
Il faut faire une distinction entre protagoniste, c’est-à-dire le personnage qui agit de manière à faire avancer l’intrigue pour réaliser un but précis, et personnage principal, autour de qui tourne l’histoire. Dans Pirates des Caraïbes, le protagoniste qui veut sauver son amoureuse est Will Turner, mais le personnage principal occupant les devants de la scène est Jack Sparrow.
À quoi servent les personnages dans un récit ?
Dans une histoire, l’intrigue peut être secondaire. Dans Madame Bovary, l’histoire est d’abord celle d’une femme qui s’ennuie et rêve d’une autre vie, et ensuite celle de la jeune fille qui trompe son mari et finit par se suicider. « C’est un livre sur rien » disait Flaubert. Mais ce rien peut cependant être intéressant tant que les personnages nous fascinent.
Créer l’intrigue
L’intrigue peut figurer au coeur de l’histoire, comme dans les romans policiers dont le but est de résoudre une énigme. Les personnages sont alors un moteur de l’action. Dans le manga Full Metal Alchemist d’Hiromu Arakawa, les héros sont la cause de leur propre malheur ; ils partent à la recherche d’une solution et influent sur le monde partout où ils se rendent, si bien qu’il leur arrive de causer des problèmes qu’ils devront résoudre ensuite.
Approfondir le thème
Dans les romans thématiques, les personnages peuvent incarner diverses facettes du thème principal. Dans le film d’animation japonais Princesse Mononoke de Miyazaki, les personnages incarnent plusieurs manières de composer avec la nature. Le protagoniste, porteur du message de l’auteur, incarne un juste milieu entre la Princesse Monoke, qui prend le parti des esprits de la nature, et la femme qui s’y oppose pour protéger exclusivement les humains. C’est d’ailleurs grâce à son arrivée que l’équilibre entre les humains et la nature est rétabli.
Explorer les moeurs humaines
Jane Austen a rédigé de nombreux romans dont l’intrigue est anecdotique. Dans Raison et Sentiments, elle s’intéresse à la différence d’approche de l’amour en fonction d’une personnalité logique ou passionnée. Dans Orgueil et Préjugés, elle dresse un portrait caustique de la société bourgeoise de son époque, de son hypocrisie et du calvaire des femmes dépendantes d’un bon mariage. Or, ces deux romans présentent des intrigues très similaires : des femmes cherchent à se marier. Les personnages sont ici centraux et l’intrigue secondaire.
Les personnages peuvent aussi être un outil de critique sociale ou une manière de résumer l’Histoire par le biais de quelques exemple choisis, comme dans Les Misérables de Hugo. Pour expliquer la révolution, ce dernier présente un panel diversifié de personnages de diverses classes et origines sociales, avec des caractères variés, de manière à brosser un aperçu de ce qui, selon lui, a mené à cet évènement historique. On retrouve beaucoup cette méthode dans la série des Rougon-Macquart de Zola.
À l’exception des genres biographiques, le personnage n’est donc pas la représentation d’une personne mais d’une idée. C’est un outil du récit qui permet de transmettre le message de l’auteur.
Les trois catégories de personnages
Personnages principaux : les résidents
- Protagoniste : personnage cherchant à atteindre un but précis.
- Personnage principal : personnage autour de qui tourne l’histoire.
- Héros / héroïne : lorsque le protagoniste est également le personnage principal.
Personnages secondaires : les invités
- Adjuvants : personnage qui aide le protagoniste à atteindre son but.
- Antagonistes / opposants : personnages qui fait du mal au protagoniste ou qui s’oppose volontairement à sa réussite.
Les livreurs
Ces personnages tellement secondaires qu’on les croise à peine sont inventés pour servir l’action au fur et à mesure. Pour une plus grande efficacité, il vaut mieux en faire une liste et piocher dedans lorsque c’est possible plutôt que d’inventer un doublon. Un personnage n’est pas un meuble. C’est un ressort de l’action, un outil qui sert à faire progresser l’intrigue. Créez votre boîte à outils, peuplez-la de personnages utiles, et répertoriez-les bien histoire de ne pas en racheter un alors que Machin vous aurait très bien servi dans ce nouveau rôle de tournevis.
N’hésitez pas, en relisant, à approfondir le rôle que les personnages secondaires jouent dans l’intrigue pour leur donner plus de sens. Par exemple, le crâne que tient Hamlet dans sa célèbre tirade morbide appartenait à un fou du roi. Ce n’est plus juste un ancien ami d’Hamlet, mais un lien entre la comédie et la tragédie qui associe un bouffon à la mort, et la vie à sa vanité en présentant une personne ayant officié pour un symbole de la grandeur (un roi) et désormais rongé par les vers, au contraire symbole de la petitesse et de l’insignifiance (désolée les vers).
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