The Almighty Johnsons, série de fantasy par James Griffin et Rachel Lang, (2011-…)

Le jour de ses 21 ans, Axl découvre que ses frères et lui sont les réceptacles des dieux scandinaves, et qu’il est destiné à devenir Odin. Cependant, lui et sa famille ne recouvreront leurs pouvoirs que le jour où il sera uni à Frigg, déesse du mariage, pour l’instant introuvable…

The Almighty Johnsons poster
Parfois, regarder une série parce qu’on apprécie un de ses acteurs est une bonne idée. Souvent, non.

Les premiers épisodes étaient incohérents, mal tournés, particulièrement sexistes et pour tout dire, peu intéressants. Les personnages nous expliquent l’intrigue au lieu de la montrer, et n’ont aucune motivation valable pour leurs actions. Les scènes sont filmées sans dynamismes et se révèlent à la fois banales, clichés, et statiques. Le traitement des personnages féminins, qui ne peuvent qu’obéir aux ordres ou faire ce qu’on leur demande, est tout simplement désastreux.

Cependant, la série se bonifie lentement pour devenir regardable, et même divertissante vers la fin de la saison 2. D’abord parce que, bien que l’intrigue reste le plus souvent clichée et convenue, les scénaristes ont vite abandonné la rivalité entre dieux et déesses, qui ne reposait sur aucune motivation claire ou solide. Ils se débattent ensuite avec les prémisses incohérentes de l’histoire et finissent par les rétablir à peu près. Je ne dirais pas que l’ensemble tient vraiment debout, mais au moins il ne nous fait plus couler le cerveau par les oreilles.

Ensuite, les scénaristes finissent par inclure les personnages féminins en tant que tels, même si certains sont tout bonnement serviles ou convaincus d’avoir besoin d’un homme dans leur vie. Et le fait qu’Axl arrête de dire à toutes les femmes autour de lui comment mener leur vie a fait plutôt du bien. D’autre part la révolte de Gaia, qui en a assez que sa vie soit dirigée (souvent de manière particulièrement abusive) par les hommes autour d’elle, adoucit l’atmosphère sexiste dans lequel baigne l’ensemble de la série. J’y reviendrai plus tard.

Les autres personnages ont droit à une certaine évolution : l’honnête homme est confronté à son envie de vengeance, l’amoureux est effacé de la mémoire de celle pour qui il s’est sacrifié, le coureur de jupon narcissique et égocentrique tombe amoureux… au moins les personnages ont des facettes, ce qui rend la série un minimum intéressante. D’autre part, elle présente un panel de personnages très différents dans leur manière d’agir et d’appréhender le monde, et ne végète pas dans son concept comme les séries nord-américaines (peut-être parce qu’elle manque cruellement de concept).

Par contre, cette série est sexiste.

Et pas seulement vaguement sexiste, ou sexiste par qu’elle utilise des clichés et des stéréotypes sexistes (comme Michèle, la femme fatale qui ne peut exercer son pouvoir sans être au service d’un homme). Elle est sexiste à un point tellement inimaginable parfois que j’ai du mal à croire que ce n’est pas ironique. D’un côté, il y a les comportement ouvertement abusifs que la série présente en tant que tels : Thor qui veut forcer sa fille à coucher avec Odin pour conclure leur alliance, “et devant ses yeux s’il est vraiment un homme”, en est le parfait exemple. Mais ce qui fait le sexisme de cette série tient surtout à Axl, “le gentil” garçon qui veut bien faire et qui passe son temps à diriger la vie des femmes qui l’entoure. Il leur dit quoi faire, il arrange leur vie, il les aide avec, certes, de bonnes intentions… mais les femmes (les vraies) sont pour la plupart capables de faire ça d’elles-même. Et on ne voit jamais ce moment où un personnage féminin prend une décision seul à propos de sa vie. Son père, son copain ou son petit ami est toujours celui qui initie ses actes, alors que de leur côté, les personnages masculins prennent des décisions d’eux-mêmes ! C’est cette différenciation des rôles masculins et féminins qui est éminemment sexiste, et le pire réside dans le fait que les personnages censés représenter le “non-sexisme” sont visiblement empreint de patriarcat.

Cette série perd même au jeu de la sexualisation des personnages. D’un côté, on voit absolument tout le monde nu, ce qui est effectivement un traitement égalitaire des personnages. D’un autre, dans les scènes de sexe (et on peut en compter au moins quatre par épisodes), c’est pratiquement toujours la femme qui s’active, et l’homme qui… fait l’étoile de mer. Non, vraiment. Ces hommes sont apparemment nuls en gymnastique. Leur idéal du sexe consiste à rester immobile et à se poser des questions pendant que madame leur saute dessus.

Et je ne parle pas du rapport au viol. Enfin si, et maintenant. Il y a deux scènes qui me viennent à l’esprit : la première, celle où une femme clairement ensorcelée est poussée à coucher avec, je cite, “le type le moins baisable au monde”. Lui apparemment n’a rien remarqué, donc on pourrait éventuellement lui accorder le bénéfice de la connerie totale. Et c’est une femme qui a lancé le sort. Je serais la Police Des Mondes Fictifs, je l’enverrais croupir seule dans un donjon moisi. L’autre scène concerne le comportement du même personnage masculin (et il s’étonne d’être indésirable) envers son meilleur ami transformé en femme. Son raisonnement est simple : on est potes, tu es une femme, couchons ensembles. Puis il se glisse dans son lit et lui pelote les seins alors que l’autre avait clairement expliqué qu’il était contre. Mais bon, ce n’est pas grave, puisqu’à ce moment là il s’est re-transformé en homme, ah ah. Franchement, vous imaginez ça comment, qu’un pote avec qui vous n’avez absolument pas envie de coucher s’invite pour ce faire dans votre lit ? Allez, hop ! Au donjon.

Conclusion : Une série relativement nulle au début, d’autant plus qu’elle est assez sexiste pour qu’on puisse souligner soixante fois ce fait et l’inscrire en gras dans sa description générale. Mais elle s’améliore lentement jusqu’à devenir regardable, avec même un bon twist final. Je ne sais vraiment pas si je peux la recommander à qui que ce soit cependant, parce qu’elle est ethiquement imbuvable au moins 60% du temps. Je dirais donc : avez-vous tenté de lire L’Edda Poétique ?

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