Pour garder le pouvoir sur les 12 Districts, qui se sont un jour soulevés contre lui, le gouvernement du Capitole organise chaque année un jeu de massacre : deux enfants de chaque District, une fille et un garçon, sont enfermés dans une arène et doivent se battre à mort jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un unique survivant. Le Vainqueur est récompensé par une rente à vie, qui lui permet de ne pas mourir de faim ; en effet, les habitants des Districts sont maintenus au bord de l’inanition pour empêcher d’autres révoltes.
Livre 1, The Hunger Games : La petite soeur de Katniss Everdeen, Prim, est choisie pour les Jeux alors qu’elle n’a que douze ans. Sa soeur se porte volontaire à sa place, et est choisie ainsi qu’un apprenti boulanger qui l’avait aidé dans son enfance, Peeta Mellark. Ensembles, et avec l’aide du dernier Vainqueur de leur District, ils vont faire de leur mieux pour survivre.
Livre 2, Catching Fire : Katniss est sortie de l’arène, et le président du Capitole lui ordonne d’appaiser les foules alors que la révolution couve ; cependant, il n’y a plus rien à faire, et Katniss n’a aucune prise sur ce mouvement de révolte dont elle est devenue, malgré elle, le symbole. Les nouveaux Jeux sont organisés, et cette fois-ci les candidats sont choisis parmi les Vainqueurs : Katniss doit donc retourner dans l’arène… mais cette fois-ci, ce sont l’enjeux est bien plus important que la survie, bien qu’elle n’en ait pas confiance…
Livre 3, The Mockingjay : La révolution est désormais ouverte, et Katniss doit faire un choix entre fuir, comme son instinct le dicte, ou embrasser son statut de symbole, devenir le Mockinjay, et parvenir, peut-être, à saper une fois pour toutes l’autorité tyrannique du Capitole.
Intrigue : L’histoire est écrite à la première personne, du point de vu de Katniss, en flux de conscience (comme on pense). Comme Katniss n’est pas la plus brillante des jeunes personnes de son monde, les phrases sont très simples, et évidentes à lire. Le style n’est en vérité pas très littéraire… voilà pour le point négatif, si on cherche une oeuvre née d'”une plume”.
Par contre, l’histoire est vraiment très intéressante. Ce n’est pas une simple “Battle Royale” dont le but est de montrer des gens qui s’entretuent. Ce n’est pas non plus l’histoire de Katniss, bien que tout soit raconté par elle. C’est l’histoire d’une révolution, de sa mise en marche, de son envol et de sa conclusion, tout cela présenté d’un point de vue réaliste dans un univers de science-fiction à la Meilleur des Mondes ou 1984.
Pourquoi réaliste ? Parce qu’il montre bien qu’une révolution ne naît pas de héros, ou de personnes particulièrement exceptionnelles, et qu’elle n’est pas, comme dans les films, glorieuse ou simple. Katniss n’a rien demandé à personne, elle souhaite simplement protéger sa famille et les personnes qu’elle aime ; durant les Jeux, elle manque d’abord de se faire tuer par la soif plutôt que par un concurrent. L’organisation de la base rebelle ressemble suspicieusement à celle du Capitole, et ses héros ne sont même pas présent pour la bataille finale -Katniss s’évanouit juste avant. Les ennemis du Capitole sont avant tout pitoyable, et ce sont également ses prisonniers. Quand au seul geste vraiment héroïque de Katniss, lorsqu’elle est face au président Snow et tire une dernière flèche, il est considéré par tous comme le fait d’une personne mentalement déstabilisée par la guerre…
L’une des critiques majeures du livre est celle de la société de consommation, où les apparences sont reines. Les habitants du capitoles portent un soin extrême à leur habits et physique, faisant souvent appel à la chirurgie esthétique. De plus, les Hunger Games, la révolution même, sont hautement médiatisés : ce sont des opérations marketing de promotion du Capitole, ou des rebelles, où tout n’est qu’apparences (d’où l’importance pour les candidats/rebelles de plaire au public, d’être bien habillés, maquillés, et de se construire un personnage…). Sur plus d’un point, Katniss est une allégorie de la révolution elle-même, qui a besoin d’actions concrètes et spontanées plutôt que de simples apparences.
Personnages : Le narrateur, Katniss, est une anti-héroïne. Elle est certes courageuse, directe, intelligente (à sa manière), endurante et très calée sur la survie en forêt, arc au poing, mais elle est également égoïste, pas particulièrement portée sur les questions métaphysiques du est-il-bien-de-tuer-même-pour-survivre et du viva-la-revolucion-a-bajo-los-tiranos, et à peu près nulle en stratégie politique. Pour résumer : c’est une personne ordinaire. C’est ce qui fait la force de cette histoire : une révolution concentrée autour et catalysée par une personne ordinaire. Ou, pour simplifier : “que se passerait-il si une personne ordinaire devenait malgré elle le moteur d’une révolution ?”
Les autres personnages sont intéressants et attachants et, au final, on se rend compte qu’il n’y a pas vraiment de gentils ou de méchants : Peeta est altruiste mais manipulateur ; Cato, l’opposant désigné du livre 1, agressif mais également terrifié par la mort ; Finnick attire tous les regards mais désire les éviter ; même le président Snow, le gouverneur tyrannique du Capitole qui aime faire pousser des fleurs, est plus opportuniste que mauvais : il sait que les dictateurs naissent avec la soif de pouvoir et de contrôle, et qu’il est loin d’être le seul à les désirer… Autant dire que lorsque l’un d’entre eux meurt, on a tendance à se mettre à râler (j’ai beaucoup râlé).
*
Une excellente trilogie, très accessible, qui peut être à la fois lu par un lecteur lambda cherchant simplement à se distraire, et par quelqu’un de plus analytique à la recherche de nuances et de profondeur. Pour ceux qui aimeraient tenter une approche en anglais, qu’ils n’hésitent pas : l’écriture ne pose pratiquement aucune difficulté.
Mon avis sur l’adaptation cinématographique du roman.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.