Oki et Saki pensaient que se marier ranimerait la flamme, mais absolument pas : ils ressemblent toujours autant, sur leur canapé, à du camembert coulant. Mais bon, il s’agit tout de même de leur nuit de noce, alors quand on leur propose de passer une nuit en Enfer pour pas cher, ils acceptent. On n’a pas dit qu’ils étaient très malins.
De côté positif, les gags de ce film font mouche. Du côté négatif, qu’est-ce qu’il est statique… Certes les personnages courent beaucoup (certains démons, sans être fondamentalement mauvais, sont assez agressifs), mais le reste du temps, ils marchent en faisant très bien semblant de s’ennuyer.
Visuellement, l’Enfer japonais n’a rien à voir avec l’Enfer chrétien, donc autant le dire, ça dépayse et surtout, cela ressemble beaucoup à la forêt de derrière ma maison ; je ne m’étendrais pas sur les effets spéciaux ; j’ai bien compris que ce film n’avait pas le budget d’Hollywood. Les musiques sont très entraînantes, mais cela contraste d’autant plus avec le peu de dynamisme de l’image.
Les personnages mettent très, très (trop) longtemps à s’animer. Pendant deux tiers du film, ils sont aussi réactif qu’un pneu mort (arrêtez d’écraser les pneus, c’est une espèce protégée), et lorsqu’ils commencent enfin à agir en tant que couple amoureux, c’est parce qu’ils s’imaginent avec des enfants -pas le meilleur moyen selon moi d’être un couple, s’il faut une troisième roue à la moto pour faire avancer la parade.
La morale est amusante, mais simpliste : le couple a perdu son cuiseur a riz (celui d’Oki), et Saki regrette le sien (qui faisait un meilleur riz). A la fin du film, [spoilers] ils retrouvent les deux cuiseurs en Enfer et, après avoir goûté aux deux riz, décident de les laisser pour en acheter un ensemble. Mettez de côté votre individualité pour commencer à penser comme un couple. [/spoilers] C’est révolutionnaire, on n’y aurait pas songé.
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Conclusion : Un film amusant, divertissant, dépaysant pour des personnes peu acclimatés au cinéma japonais, mais qui reste superficiel et malheureusement qui manque de dynamisme et d’intérêt visuel (malgré quelques scènes bien pensées). Intéressant donc, mais pas incontournable.
* Rencontre avec le réalisateur *
Durant la séance de Q/R succédant au film, Ryuichi Honda a expliqué qu’au Japon, l’Enfer était peuplé de démons* rouges et de démons* bleus (*oni), ce qui explique pourquoi il a réalisés des exploits de body painting sur un bon nombre d’acteurs.
Il a également insisté sur le fait qu’il envisageait cet Enfer là comme “un lieu touristique démodé”, ce qui est en soit réussit : les photos de la brochures ne seraient pas alléchantes.
Il s’est également inspiré de scènes de Mad Max pour certains des costumes, notamment ceux des oni rouges en cuir à piques.
Il a finalement déclaré que le personnage de “l’homme mouillé” qui vole les cuiseurs à riz pour attirer Saki et Oki en Enfer, est en fait celui [spoilers] qui sait tout et orchestre tout (non il n’a pas mentionné quoi que ce soit de divin), et que son but était de les amener jusque là pour qu’ils rencontrent certains onis bleus qui doivent enfin renaître et deviendront par la suite leurs enfants.[spoilers]