Hannibal, thriller de Ridley Scott, 2001

Dix ans après les évènements du Silence des Agneaux qui ont contribué à la carrière de l’agent Clarice Starling du FBI, celle-ci tombe en disgrâce parce que l’un de ses collègues n’a pas suivi ses directives lors d’une mission. Le cannibale Lecter, de son côté, est parvenu à s’enfuir, et l’une de ses victimes décide de se venger… ce qui conduit Clarice et Hannibal à l’affronter ensemble.

Sur la forme, je n’ai pas de commentaires ; ce film n’a rien d’exceptionnel, mais pas de défauts non plus. Cependant, les scènes d’horreur sont vraiment… horribles. Pas le pire qu’on fasse dans le style, mais assez tordues pour mettre mal à l’aise -mais on s’y attend de la part de cette franchise. Comme tout film d’horreur, celui-ci n’est pas recommandé à tous.

Hannibal, le film
J’aime encore moins ce film que Les Origines du mal, c’est dire.

Pour moi, il pose tout de même plusieurs problèmes. D’abord parce que, même si l’opposant de ce récit est un abominable violeur d’enfants, il reste une victime d’Hannibal, et que l’éliminer ne devrait pas, a priori, jeter de lumière positive sur notre charmant cannibale. C’est cependant ce que ce film tente de faire. Il va même assez loin en lui faisant choisir de couper sa propre main plutôt que celle de Clarice pour s’échapper. Or, autant on peut nous impliquer dans les histoires de cet assassin et nous donner envie de suivre ses péripéties, autant essayer de nous le présenter au final avec les codes cinématographique définissant un héros altruiste semble malvenu : Hannibal n’a pas mérité, ni prouvé qu’il était capable de cette rédemption. L’évolution de son personnage et de sa relation avec Clarice n’est pas assez fouillée pour qu’on y croit vraiment.

J’ai donc été relativement déçue par l’intrigue, qui m’a semblé plutôt convenue : Clarice et Hannibal doivent affronter un ‘méchant’, que Clarice finit par vaincre. Classique. Au passage, notons que cette victoire est ternie par son évanouissement subséquent ; Hannibal devient alors celui qui la sort d’une situation dangereuse en la portant évanouie -code traditionnellement échu au héros salvateur. Clarice pardonne par ailleurs trop vite à Hannibal, ou du moins se laisse manipuler trop aisément, ne repoussant au final pas ses avances. Mais Hannibal n’a rien fait pour compenser les attaques psychologiques qu’il lui a fait subir au début du film (ou même dans le film précédent), et le revirement de Clarice ne semble pas justifié.

Finalement, même si ce film condamne le sexisme par le biais de la mésaventure de Clarice (éconduite de son poste à la fois parce que l’un de ses collègues masculins a refusé de lui obéir malgré le fait qu’elle soit en charge de la mission, et parce qu’un autre de ses collègues lui en veut d’avoir refusé ses avances), il se contredit sur ce point. D’abord à cause de cette scène de sauvetage dont j’ai parlé plus haut, qui transforme Clarice en ressort scénaristique et en objet de désir et de possession. Ensuite à cause de cette scène chez Hannibal où il l’habille en robe de soirée le temps qu’elle se remette, scène clichée s’il y en est, transformation et sublimation imposée à la femme -et donc négation de ses propres désirs et donc de sa véritable personnalité. En plus, cela va à l’encontre du caractère d’Hannibal, qui ne semblait pas faire preuve de ce type de mauvais goût. Conclusion : ce film s’est drôlement ramassé.

*

Un film plutôt décevant, que je ne qualifierai pas de mauvais mais qui manque d’intérêt selon moi. A visionner en fonction de vos goûts !

Retour en haut