Hunger Games 2: Catching Fire (L’embrasement), adaptation de Francis Lawrence (USA, 2013)

Hunger Games 2 Catching Fire
J’ai les livres et DVD de toute la trilogie, mais c’est ce film qui me semble être la meilleure adaptation !

Pour maintenir son assise sur Panem, le président Snow décide de se débarrasser de Katniss, devenue malgré elle le symbole de la révolte qui couve dans les 12 Districts. Il organise pour ce faire des Jeux qui réunissent d’anciens vainqueurs… mais ne se déroulent pas tel qu’il l’avait escompté.

Une adaptation très fidèle au roman, techniquement irréprochable au niveau des images ou de la bande-son -avec de bons jeux d’acteurs et une mise en scène appréciable concernant l’atmosphère de Panem.

L’intrigue suit celle du roman, et commence par la critique médiatique : la tournée orchestrée par le Capitole est un moyen de rappeler les Districts à l’ordre, car les vainqueurs sont avant tout des survivants, une preuve que le Capitole a pouvoir de vie ou de mort sur les habitants de Panem. La tournée est donc relativement ironique -car c’est un coup publicitaire destiné à menacer de mort les 12 Districts.

La mise en place des nouveaux Jeux est intéressante d’un autre point de vue : on assiste en effet à la manipulation du Capitole par son propre système. Le Président Snow, incarnation dudit système, est en effet manipulé avec ses propres outils : les médias, et les Jeux. Convaincu de son absolutisme, il a perdu de vue le facteur humain de Panem, le fait que Katniss n’ait originellement rien à voir avec l’esprit de révolte qui y couve -elle n’est devenue son symbole que malgré elle- et le fait que les outils de communication soient à double tranchant.

Katniss n’a qu’à exister pour que l’espoir perdure, cela Snow l’a bien compris. Mais il n’a pas pris en compte que cette existence n’a plus à être corporelle -que si Katniss meurt, l’espoir ne disparaîtra pas avec elle. Comme les Jeux, Katniss est devenu un symbole, une enseigne, le MockingJay, qui dépasse l’individu. D’ailleurs, l’individu en question passe son temps à essayer de fuir tout ce qui a trait à la révolte, aux Jeux, au Capitole. Katniss veut sauver sa peau, et n’a rien d’une idéaliste. Tournée vers l’action, elle n’a pas vraiment conscience de l’ampleur de son implication, contrairement à ses alliés qui, se rendant bien compte du manque de fiabilité de leur MockingJay, font de leur mieux pour l’inclure dans leurs complots sans qu’elle le sache.

Notre anti-héroïne qui se débat désespérément pour survivre est d’autant plus intéressante qu’elle joue en duo avec le héros parfait. Peetah, fin stratège, altruiste, posé, est prêt à se sacrifier pour l’amour et pour les autres, comme tout bon héros qui se respecte. Lui est conscient de ce qui se couve. Une anti-héroïne sombre et plutôt égoïste, portée sur l’action et ne cherchant qu’à survivre sans se préoccuper des implications à grande échelle de ses actes devient donc le symbole d’une rébellion dont elle n’a que faire, alors que le héros doux et généreux, plus intellectuel, se met volontairement au second plan pour aider le plus de personnes possibles.

Ce tandem anti-cliché au possible fonctionne d’autant mieux qu’il est plus réaliste que le contraire -un héros altruiste cherche rarement à récolter les lauriers de la gloire alors que les gens d’action sont plus à même de finir sous les feux de la rampe, même si leur but premier n’était que de taper les autres. Hollywood se prend donc une petite baffounette à ce niveau là, cette histoire tenant mieux la route que des décennies de héros tape-à-l’oeil que tout le monde révère malgré un manque de jugeote crasse. Les Hunger Games donnent pratiquement un cours de communication à ce niveau : on se souvient des figures médiatiques, alors que les véritables acteurs de l’histoire sont engloutis par l’ombre. (Ouvrez un livre d’histoire scolaire, et comparez avec un essaie détailler sur le même sujet. Les différences sont frappantes.)

Le tout dernier plan m’a semblé un peu facile. Il n’était sans doute pas évident d’interrompre là une histoire qui doit forcément se dérouler ensuite en plusieurs heures, mais le plan laisse sur notre faim, et pas forcément dans le bon sens du terme.

*

Une très bonne adaptation, qui ne pèche que par son manque d’originalité dans la prise en main -je n’aurais pas été contre un peu plus d’interprétation créative.

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