Persuasion, roman de Jane Austen (1826)

Dans la veine de Raison et Sensibilité, Persuasion aborde le thème du mariage d’une jeune femme aisée. Cette-fois, notre héroïne approche de la trentaine et a déjà refusé plusieurs hymens ; elle espère pouvoir renouer avec son premier amoureux. Le ton est plus grave et Austen se moque moins des personnages passionnés et romanesques pour dresser plutôt un portrait acerbe de la famille d’Anna.

« La vanité était le commencement et la fin du caractère de Sir Elliot. »

Persuasion, Jane Austen
J’ai découvert ce roman au format audio.

Ce roman me semble moins intéressant qu’Orgueil et Préjugés, qui est d’après moi le plus abouti de Jane Austen. L’auteure délaisse les affres de l’amour pour s’intéresser à la vanité et à l’hypocrisie des nantis de son époque. Tout n’est que mensonge et dissimulation. Chaque phrase prononcée, chaque geste, cache une intention intéressée et rarement bénéfique. Persuasion parle d’un monde où Lady Elliot, qui incarne la sagesse et le bon sens, est décédée, et où ne demeure que la vanité de son époux.

Anna observe les turpitudes du beau-monde avec détachement et une certaine froideur. Elle-même fait de son mieux pour honorer sa famille, sa conscience et ses autres engagements, mais c’est un jeu auquel elle est presque toujours perdante. Elle est emprisonnée dans un univers désolant de frivolité où les apparences, le rang et la fortune comptent plus que les véritables sentiments ou la morale. Elle marche dans les pas effacés de sa mère, et finira peut-être comme elle —en tous cas si elle épouse un homme tout aussi vain.

Je n’ai pas grand chose à dire de ce roman. Claire et acerbe, la plume subtile de madame Austen dépeint ce monde tout en finesse. Elle fait, comme à son habitude, montre de beaucoup d’esprit dans ses formulations, et la présentation de Sir Elliot du premier chapitre était hilarante d’ironie. Cependant ce portrait pessimiste ne m’a pas émue, d’autant plus que l’intrigue reste anecdotique.

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Conclusion : une plume admirable et une finesse sans pareille dans le portrait humain, mais un roman qui ne satisfera pas tous les goûts.


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