La Passe-Miroir 1 : Les Fiancés de l’hiver, roman fantasy de Christelle Dabos (2013, FR)

J’ai entendu parler de ce roman bien avant sa publication. Ma soeur, qui fréquentait le même forum d’écriture que l’auteur, Plume d’Argent, me l’a chaudement conseillé. Je n’aime pas lire sur ordinateur, donc j’ai laissé trainé… jusqu’à retrouver ce même roman dans une édition magnifique sur les étagères d’un librairie. Happée par le premier chapitre, j’ai dévoré ce premier tome en quelques heures, et je me jetterai avidement sur la suite.

Résumé : Une jeune femme réservée doit suivre l’homme grossier et taciturne qu’on lui impose d’épouser jusqu’à la cour. Plongée sans explications dans un monde brutal bardé de faux semblants, elle découvre qu’elle est devenue le pion d’une ambitieuse machination…

La Passe-Miroir 1, Les Fiancés de l'hiver
Ce roman est divisé en quatre tomes. Vous pouvez suivre ses nouvelles sur son site web

À vrai dire, l’intrigue principale est banale. J’ai eu l’impression de relire Orgueil et Préjugés de notre chère Austen, sans le côté sarcastique. Ophélie pense d’ailleurs que son malheur n’est qu’une pauvre histoire de mariage arrangé. Cependant, l’auteure joue de cette première impression pour nous confondre et tromper nos attentes. Impossible de savoir à qui se fier dans cette cour où tout le monde craint pour sa vie !

On retrouve des éléments convenus qui m’ont moins séduite. La cour rappelle Versailles à l’époque du Roi-Soleil, fastueuse mais crasse sous l’obligation du paraître. Les hommes ont légalement le pouvoir sur les femmes. Même sur l’Arche d’Anima, pourtant contrôlé par un conseil de Doyennes, rien n’est plus important que le mariage et la descendance. Aucune minorité n’est représentée dans ce roman. Si on l’enlève les éléments Fantasy de cette oeuvre, il s’agit juste d’un mariage arrangé, pourri par l’ambition des nobles.

Mais l’univers de la Passe-Miroir est si élaboré, si crédible, qu’on le découvre avec plaisir et qu’on en redemande. C’est une plongée délicieuse dans un monde imaginaire abracadabrant mais vraisemblable. Les ambiances sont extrêmement bien transmises par la plume simple mais précise de l’auteur : l’univers chaud et poussiéreux des Archives contraste avec l’atmosphère de huit-clos oppressante et glaciale de la Citacielle. On découvre peu à peu les pouvoirs d’Animistes, le fait de lire ou d’apprivoiser les objets, et la Citacielle nous réserve bien des secrets…

Les personnages sont nuancés et attachants. Ophélie en est le meilleur exemple : réservée, elle n’est cependant pas timide et agit avec prudence mais raison. Elle n’utilise peut-être pas assez ses pouvoirs de liseuse, mais c’est cohérent avec son intégrité. Sa protectrice et sa tante se montrent aussi agaçantes que touchantes. Thorn me semble pour l’instant insupportable, car il n’explique jamais rien. Il me fait penser à M. Darcy, ce qui me donne très envie de lui donner des baffes. Peut-être qu’il s’améliorera dans le tome suivant. Il reste trop de mystère autour de chaque personnage pour que je puisse m’en faire une véritable opinion cependant. Ce roman parvient à distiller assez d’information pour donner envie d’en savoir plus, sans jamais en donner assez pour qu’on puisse prévoir la suite.

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Ce roman est une excellente entrée en matière dans un univers de fantasy créatif. J’espère que la suite sera à la hauteur !

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