Cela fait désormais un mois que je n’ai plus mes règles. J’ai ajouté à mon CV la compétence “viser un bâton avec mon pipi” et on m’a prélevé suffisamment de sang pour alimenter un aquarium de poissons-vampire. Le verdict est tombé : je ne fais pas d’intoxication alimentaire, ni d’appendicite ; je suis simplement enceinte.
Intoxication alimentaire, arythmie cardiaque et cancer de la peau
Si ces symptômes vous parlent, vous êtes peut-être enceinte également. Ou très malade. En tous cas, et bien que chaque grossesse soit différente pour chaque parturiente, la mienne débute comme un cliché de sitcom. Nausées matinales (et durant la journée), crampes menstruelles (sans les règles), soif intense, pause-pipi permanente… Même mes nombreux grains de beauté sont de la partie, plus gonflés la première semaine et relativement chatouilleux. Je ne vous parle pas du chantier ci-bas, où les pertes évoluent de jour en jour, comme un adolescent en quête identitaire. Histoire d’amuser la galerie, mon coeur bat parfois très fort, comme un athlète préparant le marathon.
Semaine 1 – Ce bébé ne sera pas ninja
Pas encore formé, et déjà remuant. Dès la première heure suivant l’insémination, je ressens des douleurs internes, sans doute dues à une égratignure issue du processus. J’ai aussi l’impression que mes cellules ont repéré l’armée d’intrus qui s’est téléportée dans mon utérus, car ça se dispute fort à l’intérieur. J’imagine que les personnes allistes ne comprendront pas ce que je veux dire, mais je sais que certains TSA vont hocher la tête d’un air entendu. Quand quelqu’un nous touche, ça brûle… Eh ben là, ça crie. Ça gesticule, ça râle et, après quelques temps d’appréhension de ma part (apparemment, la conscience n’a pas grand chose à dire), mes gardiennes armées acceptent de laisser passer les cellules externes. Merci la douane. Le lendemain, et sans pouvoir affirmer qu’il ne s’agissait pas d’un simple espoir de ma part, je me “sais” enceinte.
Semaine 2 – Nidation DU DIABLE
Post-fécondation survient un processus dramatique, celui où le futur foetus vient s’accrocher dans l’utérus. Il paraît que cela peut provoquer des saignements. Pour ma part, j’ai surtout ressenti des crampes si douloureuses et fréquentes que cela me tenait éveillée, ou me réveillait de douleur. Petit-e, tu n’es pas né-e que tu m’en dois déjà une.
Autres petits changements : ma peau devient douce, et ma face volcanique. Je plains les mères adolescentes qui subissent ce double châtiment.
Semaine 3 – Bébé de Schrödinger
Le plus agaçant, avant la prise de sang confirmant ma grossesse, c’est que TOUS les symptômes que je présentent peuvent être aussi dûs au syndrome pré-menstruel. Et comme, dans le cadre de la PMA, je prends de la progestérone pour soutenir la fécondation, impossible de savoir si je me fais des films ou si mes hormones ont bien pris le relais. Je tente bien des tests de grossesse, mais trop tôt, par impatience.
Semaine 4 – File dans ta chambre
Le jour de la prise de sang, je rafraîchis le serveur web du laboratoire d’analyse jusqu’à obtenir la confirmation que je suis bien enceinte. Du premier coup, avec 15% de chance… J’ai de la veine ! Bien que rien ne soit joué jusqu’à la fin du premier trimestre. Cependant, je continue d’avoir la nausée et des crampes intermittentes. La nausée passe avec un bonbon / du dentifrice à la menthe (astuce fonctionnant dans d’autres cas de nausée). Les crampes sont dû à l’assouplissement de mes tendons et ligaments, ainsi qu’à l’étirement de mon utérus, pour faire de la place. Les X-men n’ont qu’à aller se rhabiller, mon corps mute en quelques jours.
Bonne sieste
Pour couronner le tout, je suis exténuée. Rapport au sang que je produis en rab, il paraît, et que mon coeur s’entraîne à pomper. Moi qui me pensais libérée des règles pendant 9 mois, me voici embarquée pour 9 mois de mêmes symptômes. Bon, je retourne me reposer.